Croissance & critique de la croissance Une croissance sans limite, destructrice des systèmes limités


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Croissance & critique de la croissance
Une croissance sans limite, destructrice des systèmes limités


Introduction

Quelle est la croissance qui
vous conviendrait le mieux? Posez la question à un homme politique de droite, de gauche ou du centre. A coup sûr vous n'en trouverez aucun avec un objectif de croissance à long terme inférieure à 5%. Une croissance économique d'au moins 3% serait nécessaire pour résorber le chômage. Le plein emploi ne peut être atteint qu'à partir d'un taux annuel de croissance de 5% ; c’est aussi le discours de l'Extrême Gauche et des Verts.

Derrière ces affirmations,
ces slogans électoraux, ces intérêts économiques, ces souhaits et ces propositions de solution se cachent des mythes aveugles, une vieille croyance trompeuse et destructrice: une croissance sans limite serait possible durablement.

Avec un taux constant de 3% de croissance,
le produit national brut double tous les 23 ans, voire même tous les 14 ans avec un taux de 5%. Une croissance exponentielle constante de l'économie conduit inévitablement à une autodestruction et n’est donc pas souhaitable. Un exemple à ne pas suivre. Tout au long de l’histoire humaine, la croissance a toujours été interrompue périodiquement par des guerres. Il serait donc bien de pouvoir maîtriser les problèmes actuels sans provoquer une nouvelle guerre, susceptible d’être la dernière.

Lors de débats publics,
on argumente toujours en utilisant l’exemplarité des pays qui possèdent une forte croissance. Avant 1990, le Japon représentait „l'exemple à suivre“ par excellence. On idéalisa le boom de l'économie nipponne. Les médias, la classe politique demandèrent aux salariés allemands de suivre enfin l'exemple des Japonais. Conséquence de la croissance exponentielle, la bulle gonflée du marché immobilier éclate au Japon en 1990, la bourse chute et du jour au lendemain on ne parle plus du Japon comme le meilleur de la classe. Ce « bide » médiatique n'a jamais été analysé correctement. Et la dette publique de certains pays, qui servent d'exemple aujourd'hui, est de nouveau sans intérêt pour les médias.

Notre croissance économique
dépend toujours d'une consommation élevée en énergie et matières premières. La fin de l'âge du pétrole, du gaz et de l'uranium est proche. L'exportation de notre système, gaspilleur, en direction de la Chine et de l'Inde, y contribue de plus en plus fortement.

Cela est clair, en particulier quand on observe la pénurie, plus que sensible, des matières premières fossiles et son corollaire, à savoir l’actuelle augmentation du prix de l'essence. La raréfaction à venir du pétrole à l'échelle mondiale déclenche, chez le patient humain « dépendant », les symptômes classiques, qu'on rencontre chez tous les toxicomanes. Au lieu de faire des économies d'énergie et de développer des solutions alternatives, les hommes politiques, fidèles à la croissance, appellent à l'intensification de la production du pétrole et à l'utilisation de l'énergie nucléaire, une drogue encore plus dure.

En Europe, le mouvement de protection de la nature et de l'environnement

a remporté maintes batailles. Par exemple, la qualité de l'air et de l'eau s'est réellement améliorée. Cela veut dire que les processus de destruction, sur le plan mondial, ont ici un peu plus qu'ailleurs ralenti leur course. Cependant, nous aussi, en Allemagne, en France, en Europe, appartenons à ce petit groupe de riches, qui gaspille la plus grande partie des ressources en énergie et en matières premières. Nous sommes ainsi les coresponsables de la pollution de la planète.

Une partie du reste du monde, jusqu'à ce jour„sous-développée“,
(en particulier la Chine et l'Inde) est en train de copier notre modèle d'économie destructrice et de devenir un concurrent industriel à prendre au sérieux. Comme en Allemagne après la guerre, on mise sur les bas salaires et un niveau social et environnemental minimal. Le boom automobile naissant dans ces pays est considéré de façon jubilatoire et non critique dans nos médias. Les conséquences de ce boom pour l'écologie et le climat de la planète ne sont pas prises en compte. En Chine et en Inde, on assiste actuellement à l'expérience la plus hypothéquante de mémoire d'homme, concernant l'écologie. Doit-on faire le reproche aux Asiatiques de suivre le mauvais exemple que nous leur avons donné ?

Cent cinquante ans d'industrialisation
nous ont conduits à la situation suivante : les réserves énergétiques, les réserves en matières premières, accumulées durant des millions d'années sur notre globe, tendent à décliner. Parallèlement nous avons produit des déchets nucléaires qu'on devra mettre en décharge et surveiller pendant au moins un million d'années. Pendant que, chez nous, durant ces 150 dernières années, s'est mise en place une force pour le moins régulatrice (mouvement syndical, mouvement de protection de l'environnement, etc.) pour essayer d'atténuer les effets destructeurs pour les humains d'une croissance qui se comporte comme un cancer. Les métastases du système industriel en Chine, en Inde, dans les états du tigre asiatique, gangrènent sans vergogne les systèmes sociaux et leurs acteurs, avec des conséquences incalculables pour l'environnement,.

Les prévisions du Club de Rome,
en 1972, sur les limites de la croissance, se sont vérifiées en partie jusqu'à ce jour. Il faut reconnaître, cependant, qu'à l'époque, les forces économiques indiennes, chinoises et asiatiques se trouvaient encore à l'état embryonnaire. Actuellement, où ces gigantesques marchés ont besoin de plus en plus d'énergie et de matières premières pour leur croissance, les thèses du Club de Rome montrent combien celui-ci était dans le vrai.

Nos actes ne tiennent pas compte
des limites de la planète. Les gaz à effet de serre s’accumulent dans l’atmosphère, entraînant le changement du climat. La soi-disant utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, avec ses déchets, la menace terroriste et la prolifération de l’arme atomique mettent en danger notre avenir. Toutes les connaissances concernant les questions environnementales n’empêchent en rien l’exploitation dévastatrice des dernières forêtsvierges et l’accélération de la disparition des espèces de la planète. Alors qu’une partie de l’humanité se lance dans une consommation sans frein et s’abandonne à l’opulence, l’autre partie, sous-développée, se débat avec les conséquences des agissements de la première. D’après un rapport de l’ONU, 100.000 personnes meurent par jour à cause de la malnutrition. En 2004, 842 millions d’humains souffraient de malnutrition chronique.

Pollution du monde intérieur.
L'inégalité grandissante entre les nations et les hommes renforce la criminalité et devient le terreau du fondamentalisme et du terrorisme. A la destruction planétaire de l'environnement s'ajoute, dans le sillage de la globalisation, une consommation effrénée croissante, une mise en danger de la démocratie, en particulier à cause du pouvoir politique grandissant des cartels, à cause de l'inégalité et de la destruction sociales. Avarice et égoïsme, en tant que modèle de vie encouragé et souhaité, détruisent la société. Les banlieues peu accueillantes et les ghettos, mais surtout la répartition inégale du travail et des chances mènent, dans beaucoup de pays, au déracinement social et à la violence. Les voitures incendiées et la rébellion violente des déracinés, plus seulement dans les pays éloignés, mais aussi à Paris, à Strasbourg, sont les signes certains d'une pollution du monde intérieur qui va de paire avec la destruction de l'environnement. Des ghettos gardés et protégés pour des riches effrayés, selon le modèle américain, n’offrent qu’une perspective humaine des plus pauvres et des plus déplorables.

La grande majorité de la classe politique,
les médias, mais aussi les populations s'appuient sur des mythes et des illusions: la durabilité d'une croissance sans limite serait possible ; tout un chacun pourrait vivre comme cela se passe au USA, en gaspillant et détruisant ; le „reste du monde“, pauvre, pourrait se servir de notre modèle de prospérité gaspilleur et destructeur ; une consommation effrénée pourrait nous rendre heureux et nous satisfaire.

Cependant, quand notre système croit sans limites,
quand on continue à dilapider, à l'échelle mondiale, l'énergie, les matières premières et les richesses de la société, alors la question n’est pas de savoir si le système va s’effondrer, mais plutôt quand cela arrivera. D'où doivent provenir les matières premières et l'énergie si „l'American way of Life“ devient le seul exemple à suivre sur la planète? Qui devra acheter tous ces produits manufacturés, quand notre productivité sera devenue le modèle unique sur la planète ? Est-ce que tous ces gens, jouissant aujourd’hui d’un mode de vie plus qu’élevé, seront heureux et satisfaits demain ? Ou bien faut-il se dire que tout bien-être grandissant débouchera automatiquement sur l'avidité et le mécontentement, eux aussi grandissants, de tout un chacun?

Le développement des énergies alternatives
fait partie du petit nombre de signes actuels porteurs d'espérance. De 1995 à 2005, le prix de l'énergie nucléaire et fossile a doublé, alors que celui des énergies renouvelables a diminué de moitié. L'énergie éolienne est celle qui s'est développée le plus rapidement. En 2005, tous les deux mois, 1000 MW, d’origine éolienne, étaient injectés dans le circuit. En kilowatts/puissance cela correspond à une centrale nucléaire semblable à celle de Gösgen (Suisse) ; en kilowatts/heure production cela correspond à rendre superflu un réacteur de la taille d'un de ceux existant à Betznau (Suisse) – et ce tous les 60 jours. Et étrangement, c'est cette croissance positive des énergies porteuses d'avenir qui est combattue massivement par les partisans des énergies nucléaires fossiles.

Nous avons développé des technologies et des armes
(énergie nucléaire, génie génétique, armes atomiques et biologiques) qui menacent l’avenir de l'humanité. Parallèlement, certaines de ces avancées technologiques, pas seulement celles qui concernent l’énergie solaire et éolienne, montrent que ce progrès technique peut être utile à l’homme. Ces techniques de rationalisation ne sont pas toutes problématiques. Avec ce qui est disponible aujourd’hui, avec la fabrication de produits réparables, nos vies pourraient être agréables, libérées en grande partie de toute activité stupide. « Vivre bien sans avoir beaucoup » au lieu de « j’achète, donc je suis ». Moins de travail rémunéré et une répartition équitable du travail sur plus d’individus. Plus de travail, plus de salaire et plus de consommation, en même temps, cela ne sera plus possible. Le slogan de la gauche populaire : « Achetez plus de produits peu durables pour relancer l’économie » c’est faire preuve d’une vision à court terme et à tendance destructrice.

Revendiquer des salaires élevés et en même temps acheter des produits bon marché, fabriqués par les femmes, les hommes et parfois les enfants des pays pauvres dans des conditions d’esclavage, est-ce vraiment cela que nous voulons?

Un danger pour la démocratie

La réduction grandissante du droit aux libertés va de paire avec la globalisation néo-libérale. Avec les techniques utilisées par le « Greenwash », les relations publiques, la publicité, avec «la consommation et les jeux» on maintient l’homme dans un état infantile. Silvio Berlusconi est un exemple frappant en ce qui concerne les liaisons entre les pouvoirs économique, médiatique et politique qui mettent en danger la démocratie. Les guerres pour la maîtrise du pétrole sont préparées psychologiquement par des agences publicitaires et justifiées à l’aide de mensonges. En Allemagne aussi, le nombre des représentants du peuple au parlement diminue, tandis que le nombre des représentants de l’industrie augmente. Les droits de l’homme sont vite oubliés dans les pays où les dictatures au pouvoir sont très amies avec les milieux économiques. Les grand trusts, les élites néo-libérales et des médias proches de l’industrie mettent en danger la démocratie.

Si nous réussissons,

en réduisant de façon remarquable notre consommation d’énergie, de matières premières, à mener une vie agréable, alors seulement les pays du tiers-monde pourront obtenir leur part équitable des richesses de la planète Terre. Sans un accès équitable aux richesses pour tout le monde, sans désarmement, sans démocratie, sans les droits de l'homme, pas d'avenir durable.

L'exercice à venir le plus difficile pour le mouvement écologique
va être de montrer qu'une croissance infinie détruit les systèmes limités. « Bien vivre au lieu de posséder beaucoup », C’est la seule devise réaliste du futur. Il s'agit d'engager un développement réellement durable et de montrer la voie vers une vie bonne et durable pour tous. A chacun de combattre les entraves que représentent les résistances économiques, à chacun de faire usage de son bon sens, à chacun de réviser radicalement sa façon de vivre, pour assumer un destin digne d’avenir et bénéfique à l’ensemble de l’humanité.

Axel Mayer, BUND Freiburg

Traduction: Jean-Jacques Rettig & Jean Paul Lacôte